Aspirine et traitement de l’accident de désaturation : une page se tourne (C.D.N. du 8 et 9 février 2020) - Arnaud ZARAGOZA, CTR CORSE
L’accident de désaturation est lié à l’apparition de bulles difficiles à gérer par l’organisme. Ce phénomène bullaire initie des réactions de l’organisme que l’on regroupe sous le terme de « maladie de décompression » : activation et agrégation plaquettaire, réactions inflammatoires et immunitaires (notamment activation des globules blancs, éléments de base du système immunitaire), augmentation de la perméabilité des capillaires sanguins…
Ainsi, en complément de la re-compression thérapeutique en caisson hyperbare et de la ré-hydratation, l’administration d’aspirine est une pratique largement répandue en raison de son rôle d’antiagrégant plaquettaire.
Cependant, la prise d’aspirine est une recommandation de type 3 dans le traitement de l’accident de désaturation, c’est à dire qu’elle est optionnelle car reposant sur un niveau de preuve scientifique faible, selon les conclusions de la « 2ème Conférence européenne de consensus sur le traitement des accidents de décompression de la plongée de loisir » - Marseille, 09-11 mai 1996. Il n’y a pas eu, depuis, d’autres recommandations sur ce sujet.
Dans le cadre de la prise en charge initiale, sans présence médicale, les recommandations prévoyaient jusqu’alors un traitement associant une oxygénothérapie au masque à haute concentration (15 l.min-1) et une ré-hydratation orale (1 l.h-1). Une prise d’aspirine était possible mais non consensuelle.
Force est de constater que les secouristes peuvent faire face à différents types d’accidents de plongée, dont l’accident de désaturation, mais pas uniquement : l’œdème pulmonaire est une situation de plus en plus fréquente.
Administrée à mauvais escient, l’aspirine peut avoir des effets indésirables non négligeables, voire peut aggraver la situation du plongeur, notamment s’il ne s’agit pas d’un accident de désaturation.
Il est donc préférable que l’aspirine soit administrée après une évaluation médicale appropriée qui aura établi un diagnostic et l’absence de contre-indication à la prise de ce médicament.
C’est la raison pour laquelle le Comité Directeur National (C.D.N.) a suivi la demande forte de la Commission Médicale et Prévention Nationale (C.M.P.N.) en demandant le retrait de l’aspirine de l'ensemble des référentiels de formation fédéraux.
Un article sur le sujet est en préparation pour la revue fédérale.